Cieux (Síus en occitan) est située dans le département de la Haute Vienne (87) et la région Limousin en Nouvelle Aquitaine.

Cieux, la commune aux cinquante villages (en 1262). Son sens est donné comme obscur par de savants spécialistes, l'ancien occitan 'ciu' (ciou), de 'civitas' cité - ensemble des citoyens, n'ayant pu désigner un village. Cependant, Syoux, comme il est dit au XIIIème siècle dans la chronique de Maleu, est bien la représentation graphique du terme que l'on prononce encore de nos jours, en langue limousine 'cii'. Un texte de 1310 donne aussi la forme Silis que l'on pourrait rapprocher de silex. Il y est question 'd'Adhémar de Vauris dominicellus in parocchio de Silex'.

La plupart des textes sont tirés du petit livre sur Cieux d'après la Petite Histoire de Cieux d'Albert Hivernaud

L'origine

La région des Monts de Blond est appelée parfois « cœur préhistorique du Limousin ».

Rien ne permet d'affirmer que les Monts furent habités avant l'apparition des monuments mégalithiques (4 à 5 000 ans av. J.C.).Malgré la faible altitude (515 m), ces monts devaient constituer un obstacle sérieux à la pénétration humaine car le climat était beaucoup plus rude et les ancêtres préféraient les plaines ou on trouvait une grande quantité de silex taillés.

Dolmens et menhirs

Dolmens à Berneuil, à Blond, à Breuilaufa, à Javerdat, à la Betoulle, à Puychaud et à Rouffignac.

Menhirs à Peyrelade, à Arnac, à Cinturat, à Javerdat, à Blond et au Boscartus.

Enceintes préhistoriques au Chêne-Pignier, à Brigueuil, au Rocher Des Fées et le Pas de la Mule.

Epoque gallo-romaine

Cieux se situe sur la route reliant Augustinorum (Limoges) à Poitiers, à hauteur du Châtenet.

Au temps Gallo-Romains il semblerait que la voie romaine Limoges à Poitiers, passait tout près du Dolmen des Termisseaux, près de la Betoulle (route Cieux - Oradour sur Glane 500m après la chaussée de l'étang), certains disent à travers l'étang.

A noter le saccage de Mortemart par les Vandales en l'an 407.

Le Moyen-Age

L'Histoire est muette sur l'existence de populations limousines au temps des Mérovingiens et des Carolingiens.

Xème et Xième siècles

Forteresses édifiées à Mortemart. Syous (Cieux) est cité en 1260 dans la Chronique de Maleu comme appartenant à la Marche. Cieux fut choisi par l'Eglise du fait de son accessibilité à la voie romaine (mais l'état des routes restera déplorable jusqu'à la fin du XIXè s.). La date de la construction de l'église demeure imprécise (XIè s. ?). Elle a été (très mal) restaurée au XIXè : un vrai saccage au plan artistique. En 1972 une dalle souterraine fut découverte derrière l'autel, où reposent des sépultures qui pourraient être de la famille de Brettes, seigneur de Cieux.

Les marquis de Brettes, seigneur du château de Cros, avaient leur sépulture dans le chœur de l’église de Cieux.
Voici l’inscription qu’on y lisait :

EPITAPHE SUR LA MORT DE MESSIRE CIBARD DE BRETTES, BARON DU CROS, CIEUX, MONTROCHER EN PARTIE ET DU BROULHAX EN BOURGOGNE

Passant, il ne faut pas verser icy de larmes,
Ni de cris ni de pleurs ceste tombe arrouser,
Moins le destin commun de ce monde accuser,
Car la mort ne peut rien sur la gloire des armes,
Ce qu’on doibt regretter, que la fleur des gendarmes,
Que les plus courageux eussent craint d’aviser,
Meurtry traiteusement vint icy reposer
Pour servir de subject à ces funestes larmes
Pourtant tous nos soupirs ne serviront de rien.
Deux traitres font mourir le plus homme de bien ;
Mais l’honneur survivra la mort, le temps et l’eage.
Vivant bien, il n’a craint de la mort les effets ;
Le ciel a pris l’esprit ; la terre tient son corps ;
Le monde, sa valeur ; ses enfants, son courage.
Il décéda le IIII juin M.DCXVIII
Requiescat in pace !

Autre lieu de culte : la Chapelle du Bois du Rat où se déroulaient des pèlerinages en souvenir de Saint Jean l'Evangéliste, patron des notaires et des métiers de création du livre : imprimeurs, graveurs, relieurs et libraires.

Les noms des villages à Cieux

Peyro-levàdo (pierres levées) Peyrelade
Peyre-Soudre (pierres sorties de la terre) celui du Pic (Pic de Javerdat)

Origines migratoires : La Peine renvoie à Penna (pré-Ibères) – hauteur rocheuse plus ou moins pointue, La Jarrige à Garric (Ibères) – terrain rocailleux où pousse le chêne, Les Cros (Celtes) – éminence, monticule, plateau...

Noms de famille et suffixe gaulois acus : > ac ou at > Javerdat, Arnac (Gaulois nommé Arnus) ou Arnat, Cinturat (Orcintirix ou Citirix), Charat (Carantus), Lignac de Latiniacum ou Latinus, Pérignanas ou Pétrignane (Patrinius), influence germanique : Grateresse > Crateresse, de Crathus, Germain.
Ovier tire peut-être son nom d'un homme latin Avius. Nous n'avons pas pu trouver l'origine de Prenlis.

Villeforceiz ou Villeforceix est composé de 'villa' et de 'furca, croisement de chemins.Veychèze qui est peut-être une déformation de Villechèze.

L'insécurité (déjà!) pousse à construire sur les hauteurs, d'où des noms de villages en Mons et Podium (lieu élevé, colline ou sommet plus ou moins arrondi, montée, rampe) > Montgénie, Monsac, le Montazeaud (germanique : Asilo), Puymenier, (sa forme occitan Pou) La Pouyade, sinon à s'établir dans les vallis > La Valette (petite vallée), Lavaud.

A toutes les époques, les noms de plantes ont servi à dénommer les lieux aux arbres remarquables > Le Châtenet (châtaignier), La Betoulle (boulot), La Brousse (broussailles), le Boscartus (boscus : bois de châtaignier) et aussi Le Grand Bos, le Boucheron, les Basses Forêts, Boismorand, les Boisgilles, Le Chêne-Pignier (pin), le Theil (tilleul), la Geneste (genêt), le Petit_ Hors (hortus : jardins).

Dès le XIIème siècle on reprit l'habitude d'utiliser le nom du propriétaire auquel on ajouta un suffixe, généralement 'ière' ou ‘erie’ au féminin, en sous-entendant maison ou demeure.

Martinerie, la maison de Martin, Polisserie, maison de Pollius.

Des mots nouveaux ont eu leur influence également : Casa > La Chèze, Borda > Le Brudou, Mas > le Mas-Vieux, le Mas-de-Lesterps. Et diverses origines apparaissent comme pour Chantegros (grillon), Loutré (au-delà du ruisseau).

Les informations modernes modifièrent peu l'ensemble des noms de lieux. Signalons cependant: des noms collectifs : Les Fours, Les Latières   de tiera, file, rangée d'arbres, désignant des alignées de maisons ou des maisons construites près d'une rangée d'arbres;

Les Gaches de l'occitan 'gachar' - guetter, désignant un hameau avec un endroit de guet. Lequel hameau s'appelle aujourd'hui d'un nom de fantaisie, Plaisance,  comme Beaulieu, Bellevue et Chantegros qui désigne un endroit où chante 'lou grue' le grillon.

Fromental du latin 'frumentum'. blé avec le suffixe alem désigna à l'origine une terre à blé.

XVIème et XVIIème siècles

Martial Michau, curé de Blond, relate les évènements qui l'avaient frappé et en particulier les famines causées par les intempéries (de 1570 à 1573), les guerres de religion (qui ont causé le premier incendie du Château des Cros en 1569 après l'église de Blond. Propriétaire du château, le sieur des Brettes fit reconstruire un manoir avant d'être assassiné en 1618. On retrouve la lignée des Brettes jusqu'à la Révolution).
Autres seigneurs de Cieux : on connaît notamment Pierre Boyol, à qui l'on doit les armoiries de Cieux « d'azur à la face en divisé de gueules, accompagné en clef d'un léopard de gueule et en pointe de six besants d'or », Jean Chantois et surtout les de Brettes qui conservèrent la seigneurie pendant près de 200 ans. Par ailleurs, les Baillot du Queyroix étaient seigneurs de la Martinerie, les de Soulière, sieurs de mas de Leter (Lesterps) et les de la Couture-Renon, seigneurs de Monsac.
Cieux était très important au milieu du XVIIIème siècle. Les principaux personnages, nobles ou bourgeois, étaient le Marquis Ducros (Les Cros), la dame de Richebourg, Clément Montazeau, Martial Lacouture (chirurgien), les sieurs de Lavergne, Périgord, de le Chèze, de Lavaud.

Les mauvaises récoltes entraînent la disette, la misère et la mort en Limousin (« des paroisses où il ne reste que le tiers des habitants »), obligeant certains comme les maçons à partir travailler en Espagne et à Paris pendant la belle saison.

En contrepoint, le Comte de Brettes possède, à la veille de la Révolution, le tiers de la paroisse de Cieux. Les bourgeois, comme les nobles, donnent leurs terres en métayages. Les autres couches sociales sont les paysans et les artisans. Les grands étangs appartiennent à la noblesse et servent de réserves aux moulins (huile, farine).

D'après le curé de Cieux (1756) il y avait 1530 habitants, dont 185 au bourg, répartis dans 259 familles (feux).

Intendant du Limousin de 1761 à 1774, Turgot rend visite à Cieux en juin 1772 pour vérifier les dommages subis après une violente tempête de grêle.

Période révolutionnaire

15 Février 1790 : première municipalité de Cieux : Martial Lavergne (notaire royal) en est le premier maire. Parmi les autres membres élus, on relève les noms suivants : Varedon dit Roby, Darnajout, de Belleix, Thomas, Montazaud, Jammet, Senon, Montazaud, Valade, et parmi les 'citoyens actifs' de la commune : Jean Gourinat, Jean Compain, Michel Darnajout, Jean Lorgue, Jean et Michel David, Louis et Etinne Guionnet, Martin Sénamaud, François Michelet, Jean Bichaud, Pierre Pommier, Joseph Millors, Martial de Ladégaillerie, Pierre Rouffanche ou Jean Dupuy.

La population est alors de 1753 habitants.

La commune de Cieux s'est illustrée dans sa mauvaise volonté à répondre aux souhaits de la Révolution afin d'apporter un tribut à l'effort de guerre : production de salpêtre ou réquisition militaire. La région aura plus prompte, sous la Terreur, à dénoncer les 'contre-révolutionnaires'. Ainsi à Compreignac, Mortemart, Bussière-Poitevine. Pierre Deglane, meunier, fut dénoncé, envoyé à Paris et exécuté. Idem pour le curé Simon Filloux.

Le Comte de Brettes s'exile en Allemagne, à Coblence, d'où il écrit au maire de Cieux, le menaçant en responsabilité pour le cas du « moindre dégât causé à mes possessions », annonçant «  le jour des vengeances arrive ». Ses biens ont été vendus en mars 1794 à diverses personnes (dont un J.B. Tarnaud) qui feront une excellente affaire : les biens étaient payables sur dix ans, ce qui, compte tenu de la chute de la monnaie, s'est révélé très rentable. Son fils, Joseph-Martial, bénéficiera d'une levée de séquestre en 1803 sur les biens qui n'avaient pas été vendus (le Château des Cros avait été pillé et brûlé une seconde fois en 1793).

La vie dans la commune de Cieux

Parmi les commerçants patentés en 1797-98, figurent un marchand de tabac (Barataud), neuf cabaretiers, trois marchands de vin, six tisserands, trois charrons, cinq maréchaux-ferrants, un filassier (Jean Pimpin), un meunier.

Premier recensement effectif en 1801 : 1535 habitants.

Evolution de la population :

2010 habitants en 1846, 1195 en 1962 et 1109 en 1975 quand paraît l'ouvrage d'Albert Hivernaud, le déclin démographique étant sensible après la première guerre mondiale.

Premier Empire

Application (parfois compliquée) du système métrique. Réfraction à la conscription dans l' « arrondissement de Bellac » dont Cieux fait partie.

En 1815, Jean-Baptiste Dalesme, général de l'armée de Napoléon et ancien député de la Haute-Vienne, se retire au Petit Charrat, un hameau de Cieux.

Restauration : retour des Bourbons

Août 1822 : Tramont, maire de Cieux, fait aménager le Champ de foire, ce qui aura son importance pour le développement de la commune.

Monarchie de Juillet. Journées de juillet 1830

Remplacé par le drapeau blanc sous la Restauration, le drapeau tricolore réapparaît.

Recensement des conscrits pour la Garde Nationale.

Seconde République. Les trois journées de février 1848. Second Empire

Charles Simon, nouveau maire provisoire de Cieux, avant nomination de Marchadier-Callange, révoqué dix jours plus tard. Léonard Balestat est ensuite élu maire de Cieux.

Le suffrage universel est un apport de la Révolution de 1848. Du fait que la population française est constituée de deux paysans pour un citadin, le suffrage universel donne le pouvoir aux paysans qui votèrent malgré tout massivement pour Napoléon III, plébiscité en décembre 1851.

En 1857, obligation est faite aux communes de nommer des gardes-champêtres afin de lutter contre la mendicité vagabonde. Le conseil municipal de Cieux accepte d'augmenter le requérant à condition que « le garde s'acquittera de ses fonctions avec plus de zèle et d'exactitude que par le passé »...

L'amélioration des voies d'accès est perceptible en 1860, « Cieux ayant pris beaucoup d'importance, les foires sont devenues plus conséquentes ». Au fil des ans (Empire, républiques...), l'évolution se concrétise à Cieux par l'aménagement des routes et l'ouverture de l'école publique en 1855.

Troisième République

Pas d 'évocation de la Commune de Paris, à l'heure de laquelle le nouveau maire de Cieux est M. Cantillon-Tramont.

En 1904 et le 10 novembre, naît André RAYNAUD au Theil.

En 1909, le tramway voit le jour en Haute-Vienne et à Cieux.

Cieux paye un très lourd tribut à la défense du pays au cours de la première guerre mondiale (1914-1918).

En 1936, André Raynaud devient champion de france  cycliste de demi-fond puis champion du monde dans la même discipline. Il décède accidentellement en compétition l'année suivante à Anvers. La route menant au Theil porte son nom.

Curiosité : un livret émanant du syndicat d'initiative, datant de 1936.

En juillet et août 1944, les allemands font de très nombreuses victimes au cours d'expéditions de représailles dans la région tenue par le maquis.

Ville chargée d'histoire, Cieux présente un site exceptionnel, dans une nature respectée, dominé par la profondeur de la forêt celtique et la présence d'un étang consacré à la pêche et à la baignade ; Exempt de toute pollution, il est le centre d'un site ornithologique (85 espèces d'oiseaux naissent dans ses abords immédiats).

Généralités historiques *

  • Sieux, ou Syoux, était en 1262 une cure de l'ancien archiprêtré de Saint-Junien.

  • La seigneurie appartint aux Brettes jusqu'à la Révolution.

Vestiges préhistoriques et antiques *

  • Nombreux mégalithes ; le menhir de Ceinturat (le plus haut de la Haute Vienne, classé monument historique) ; le menhir d'Arnac, la pierre à cupules, la pierre à sacrifices du Chiroudi. Le pays des Monts de Blond est parfois appelé le "coeur préhistorique du Limousin".

  • l'abri magdalénien du Rochers des fées, le Pas de la Mule

Architecture civile *

  • Village au coeur des Monts de Blond.

  • Château de La Geneste.

Architecture sacrée *

  • Eglise romane 11ème, agrandie à l'époque gothique : bénitier en pierre 17ème.

  • Chapelle Saint-Jean du Bois-du-Rat 13ème : autel en pierre.

  • Oratoire rupestre, dans la forêt.

Sites *

  • Monts de Blond.

  • Bois, landes, étangs de Cieux et de Fromental.

  • Roche branlante de Boscartus (déplacer 120 tonnes d'une simple poussée), le champignon, le berceau.

Ressources et productions *

  • Pâturages, fourrage.

  • Ovins, bovins.

* source : Quid.